jeudi 12 janvier 2017

Origine 2

Gustave Courbet



Nous faisons face à ce qui est l’objet du désir, sans avoir à nous tordre le cou. La réalité chez Courbet est sans fard, ce qu’il résume d’ailleurs par cette formule : « Un peintre ne doit peindre que ce que ces yeux peuvent voir. ». Car c’est bel et bien de peinture dont il s’agit.
Sous la lumière franche qui dévoile ce buste, accentuée par le blanc de l’étoffe contre le noir du fond, on devine sous les coups de brosses tendres les transparences de la chair, bleutées par endroit. Homogène mais douce elle dessine les volumes nets d’un corps ferme, qu’elle sculpte sans accrocs. Les effets d’ombre sont estompés et parfois rehaussées de rose corail. 



La toile est visiblement construite à partir du noir (ou d’une couleur sombre) qui affleure encore par endroit, cela est particulièrement visible sur l’amorce de la cuisse gauche et dans le velouté du tissu. L’effet duveteux de la toison est produit par un pinceau souple plus petit et une texture plus humide de son médium. Quelques recouvrements roses, à la marge, en atténuent le contact sombre. 
Enfin, des retours de touches claires encadrant le pubis, ou sur les globes des fesses, ont été déposés de façon plus rapide et à certains endroits le grain de la toile est encore perceptible ce qui indique que, contrairement à d’autres peintures, celle-ci fut réalisée sans trop de repentirs.



« Encanailler l’art », bien entendu, c’était pour Courbet rendre la vérité émouvante de la chair en peinture. Qui parle encore de trivialité ? 

(article initialement publié sur appeau vert overblob en janvier 2010 par ap)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire