mercredi 21 décembre 2016

Diane au Jeu de paume



 Diane Arbus

 Paris, 22 10 2012


(notes décousues, effectuées à la sauvette et sur un mode très subjectif.)

 

Écrans

Une fenêtre nuageuse (l’écran d’un drive-in ?) se découpe sur un ciel crépusculaire. Echo d’un empire des lumières noyé dans le grain photographique ; plus loin, la pénombre d’une salle de cinéma barrée en oblique par le faisceau enfumé d’une projection ; l’objectif tourné vers les spectateurs n’enregistre que - vitesse lente d’obturation - leurs apparences tremblées : des fantômes ! Une autre salle de cinéma, mais vide, où trône le rectangle d'un écran blanc : théâtre des illusions! Entre réalité et fiction, les repères se délitent, l’image s’abîme, le regard bascule.

 

Illusions d’optique

Une vraie « femme sans tête » pour (a)mateur de foire. Un célèbre acteur de cinéma Fellinien dans son propre rôle, dans une vraie chambre d’hôtel. Des portraits de gens du cirque prenant la pose dans leurs costumes de scène, un travesti se travestissant. Des handicapés mentaux ou moteurs dissimulés derrière des masques de monstres. Des gens ordinaires grimés ou accoutrés de fanfreluches et autres accessoires qui les rendent grotesques, une enfant jouant à nous faire peur avec une grenade en plastique… Télescopages ou rencontres Ducassiennes : tout un monde de signes superposés, de rêves éveillés, de surréalités objectivées. La photographie fabrique ses apparitions.

 

Faces et  masques

Cadrés de près, certains visages sont des matières, des plans de textures enchevêtrées. Le grain de la peau, le lissé d’un loup de cuir noir, le soyeux des plumes, le brillant des montures d’écailles ou le lustré des chevaux, l’humide des yeux… composent des masques plutôt que des portraits. Masses de motifs en gris, en noirs et en blancs qui s’agrègent pour nous faire face, façonnant la densité d’une présence déroutante. Plein cadre, au carré, ces personnes devenues personnages sont d'abord des réalités graphiques.

 

Trouées

Le halo d’une lampe, la tache blanche d’un élément de costume ou du décor, l’anse d’un sac à main, la découpe d'un papier sur la chaussée, la percée du soleil entre le feuillage… Les surfaces sombres des images semblent ainsi perforées par endroit, ramenant vers la couleur du papier, la matérialité du support.

 

[…]
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(Article initialement publié sur appeau vert overblog à l'occasion de la visite  de l'exposition "Diane Arbus au Jeu de paume" du18 octobre 2011 au 05 février 2012 ) 

 

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