Jérémy Liron
Jeremy Liron - La Mancha
"La vitre nous protège. La vitre est un abri autant qu’un poste d’observation. La vitre est un cadre, le seul possible pour mesurer combien se produit sur nous la diffraction sensible qui nous permet de nous saisir du monde, en retour. Ce qui passe au-dehors produit sur nous l’immobilité qui nous le fait voir : voir ce que le monde cache tant qu’il demeure immobile ; comprendre aussi ce que le renversement des positions engage dans cette perception non des lignes du monde mais de son trajet, littéralement, en mouvement. Quand le train longe la route et dans un souffle dépasse des véhicules, l’impression première (que les voitures sont happées en arrière) ne dure pas. Bientôt s’impose une autre évidence : chaque voiture avalée accélère encore, par contraste, la marche du train — semble même doubler sa vitesse, nourrissant la hâte d’une dévoration toujours plus avide d’elle même.
Ce qu’on laisse derrière soi, à côté de soi — moins des routes qui vont, que des chemins qui partent : des lignes de fuite interrompues par l’horizon."Extrait de La Mancha, Arnaud Maïsetti et Jérémy Liron - (publie.net, 2009, p. 7-9)
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