Gustave Courbet
Nous faisons face à
ce qui est l’objet du désir, sans avoir à nous tordre le cou. La réalité
chez Courbet est sans fard, ce qu’il résume d’ailleurs par cette
formule : « Un peintre ne doit peindre que ce que ces yeux peuvent
voir. ». Car c’est bel et bien de peinture dont il s’agit.
Sous la lumière
franche qui dévoile ce buste, accentuée par le blanc de l’étoffe contre
le noir du fond, on devine sous les coups de brosses tendres les
transparences de la chair, bleutées par endroit. Homogène mais douce
elle dessine les volumes nets d’un corps ferme, qu’elle sculpte sans
accrocs. Les effets d’ombre sont estompés et parfois rehaussées de rose
corail.
La toile est
visiblement construite à partir du noir (ou d’une couleur sombre) qui
affleure encore par endroit, cela est particulièrement visible sur
l’amorce de la cuisse gauche et dans le velouté du tissu. L’effet
duveteux de la toison est produit par un pinceau souple plus petit et
une texture plus humide de son médium. Quelques recouvrements roses, à
la marge, en atténuent le contact sombre.
Enfin,
des retours de touches claires encadrant le pubis, ou sur les globes
des fesses, ont été déposés de façon plus rapide et à certains endroits
le grain de la toile est encore perceptible ce qui indique que,
contrairement à d’autres peintures, celle-ci fut réalisée sans trop de
repentirs.
« Encanailler
l’art », bien entendu, c’était pour Courbet rendre la vérité émouvante
de la chair en peinture. Qui parle encore de trivialité ?
(article initialement publié sur appeau vert overblob en janvier 2010 par ap)
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