Diane Arbus
Paris, 22 10 2012
(notes décousues, effectuées à la sauvette et sur un mode très subjectif.)
Écrans
Une
fenêtre nuageuse (l’écran d’un drive-in ?) se découpe sur un ciel
crépusculaire. Echo d’un empire des lumières noyé dans le grain photographique ;
plus loin, la pénombre d’une salle de cinéma barrée en oblique par le faisceau
enfumé d’une projection ; l’objectif tourné vers les spectateurs
n’enregistre que - vitesse lente d’obturation - leurs apparences tremblées :
des fantômes ! Une autre salle de cinéma, mais vide, où trône le rectangle
d'un écran blanc : théâtre des illusions! Entre réalité et fiction, les
repères se délitent, l’image s’abîme, le regard bascule.
Illusions
d’optique
Une
vraie « femme sans tête » pour (a)mateur de foire. Un célèbre acteur
de cinéma Fellinien dans son propre rôle, dans une vraie chambre d’hôtel. Des
portraits de gens du cirque prenant la pose dans leurs costumes de scène, un
travesti se travestissant. Des handicapés mentaux ou moteurs dissimulés
derrière des masques de monstres. Des gens ordinaires grimés ou accoutrés de
fanfreluches et autres accessoires qui les rendent grotesques, une enfant
jouant à nous faire peur avec une grenade en plastique… Télescopages ou
rencontres Ducassiennes : tout un monde de signes superposés, de rêves
éveillés, de surréalités objectivées. La photographie fabrique ses apparitions.
Faces
et masques
Cadrés
de près, certains visages sont des matières, des plans de textures
enchevêtrées. Le grain de la peau, le lissé d’un loup de cuir noir, le soyeux
des plumes, le brillant des montures d’écailles ou le lustré des chevaux,
l’humide des yeux… composent des masques plutôt que des portraits. Masses de
motifs en gris, en noirs et en blancs qui s’agrègent pour nous faire face, façonnant
la densité d’une présence déroutante. Plein cadre, au carré, ces personnes
devenues personnages sont d'abord des réalités graphiques.
Trouées
Le
halo d’une lampe, la tache blanche d’un élément de costume ou du décor, l’anse
d’un sac à main, la découpe d'un papier sur la chaussée, la percée du soleil
entre le feuillage… Les surfaces sombres des images semblent ainsi perforées
par endroit, ramenant vers la couleur du papier, la matérialité du support.
[…]
__
(Article initialement publié sur appeau vert overblog à l'occasion de la visite de l'exposition "Diane Arbus au Jeu
de paume" du18 octobre 2011
au 05 février 2012 )
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